Le Sénégal compte plusieurs ethnies vivant en harmonie sur un territoire moyennement étendu avec des disparités de peuplement selon les régions. Certains groupes ethniques sont subdivisés en plusieurs sous-groupes.
Les principaux groupes ethniques
On note quatre grands groupes et plusieurs autres dits minoritaires.
Les Wolofs: avec 53 % de la population, ils constituent l’ethnie majoritaire. Les Wolofs sont surtout présents dans l’ouest du pays (Ndiambour au Cayor, Waalo, Baol, Djolof, Saloum), dans le bassin arachidier du centre-ouest et particulièrement dans les grands centres urbains. La plupart sont musulmans, de la confrérie des Mourides, et des tidjanes. Les Lébous de la presqu’île du Cap-Vert et de la Petite-Côte leur sont apparentés, mais représentent moins de 1 % de la population. La langue wolof est la première langue de communication du pays. Elle est parlée par l’écrasante majorité des membres des autres ethnies.
Les Halpulaars
Ils sont 24 % de la population. L’ethnie est constituée de ceux qui parlent la langue peul à savoir les Peuls et les Toucouleurs. On constate leur présence sur une partie du territoire national plus étendue que les Wolofs, mais il s’agit le plus souvent de régions peu peuplées, comme le Ferlo, la Haute-Casamance, la vallée du fleuve Sénégal, surtout peuplée par les Toucouleurs, et le Badiar. Traditionnellement nomades, ils sont aujourd’hui sédentarisés dans leur grande majorité. De nos jours l’exode rural touche davantage les Toucouleurs que les Peuls.
Les Sérères
Ils représentent 15 % de la population. Ils sont concentrés dans l’ouest du pays. Ils vivent sur la Petite-Côte et dans le Sine-Saloum, notamment dans les îles du delta du Saloum. Les Ndut, les Niominkas, les Safènes et d’autres sous-groupes leur sont proches. Chez les Sérères il y a d’importantes communautés chrétiennes, mais l’islam est majoritaire. Ils ont conservé néanmoins certains aspects de leur religion traditionnelle.
Les Diolas
Ils sont estimés à 4 % de la population et vivent principalement en Basse-Casamance où ils pratiquent surtout la riziculture et la pêche. De religion traditionnelle, ils ont résisté plus que d’autres à la pénétration de l’islam et du christianisme et continuent de défendre leur identité. Aujourd’hui ils sont aussi souvent musulmans que chrétiens, tout en y mêlant leurs croyances traditionnelles.
D’autres ethnies minoritaires peuplent le Sénégal : les Baïnouk, les Balantes, les Manjaques, les Mancagnes les Karones, les Bandials, en Casamance.
Plusieurs ethnies qui se rattachent au grand groupe des Mandingues : Malinkés, Socés, Bambaras, Soninkés.
Il y a aussi les ethnies qui vivent sur les hauteurs du Sénégal oriental, autour de Kédougou : Bassaris, Bédiks, Coniaguis, Badiarankés .
Les castes
La société Sénégalaise (à l’exclusion de la Casamance) est divisée en catégories sociales distinctes et rigides. Ce système de castes, qui est souvent un sujet tabou, correspond le plus souvent aux catégories socio-professionnelles qui sont divisées en deux groupes principaux :
- Les geer – ou nobles – sont perçus comme le groupe supérieur. Il leur est interdit d’exercer des métiers manuels sous peine d’être déchus socialement. Mais ils peuvent être marabouts, pêcheurs, éleveurs ou agriculteurs. Les marabouts sont donc hors du système des castes.
- les neeno ou nyeenyo (ceux qui appartiennent à une caste en opposition au geer qui se considèrent comme non castés) constituent le caste inférieure sous-divisée en deux ensembles :
- les artisans de la parole : les griots ou gewel. Ils sont chanteurs, musiciens, laudateurs.
- les artisans manuels, que l’on appelle jef-lekk, qui rassemblent les castes des teug (forgerons), ude (cordonniers), laobe (bûcherons, ébénistes) et maabo (tisserands).
95% de la population Sénégalaise porte seulement 300 patronymes qui permettaient autrefois d’identifier l’ethnie et la caste de chacun. Par exemple, les noms Ndiaye, Keita ou Coulibaly signaient une extraction noble alors que Seck (forgeron) ou Ndour (Griot) étaient des patronymes d’artisans. Mais, aujourd’hui, à cause du brassage des différentes ethnies, les noms sont de moins en moins indicateurs de l’origine. Il n’en reste pas moins que les mariages inter-castes sont encore souvent mal acceptés.
Cousinage à plaisanterie vs ethnocentrisme
Entre les ethnies, existe la pratique du cousinage à plaisanterie ou parenté à plaisanterie. Un Sérère et un Peul, par exemple, peuvent sans se connaitre se traiter affectueusement de tous les noms d’oiseaux avec le sourire ; chacun assurant que l’autre est son « esclave ». Un autre exemple est le lien qui unit les Diolas et les Sérères.
Cette pratique sociale caractérisée par un humour corrosif, des moqueries entre membres d’ethnies différentes, constitue un rempart contre l’ethnocentrisme d’après plusieurs études d’anthropologues et sociologues.
Si le cousinage entre Sérères et Peuls est associée à l’histoire des migrations – avec des Peuls éleveurs nomades et des Sérères cultivateurs sédentaires ? la parenté entre Diolas et Sérères remonterait, selon la légende, à l’histoire de deux frères : Aguène et Diambogne.
Ils auraient navigué ensemble, en pirogue, jusqu’aux environs de l’île de Sangomar (région de Fatick) où une mauvaise météo aurait fait chavirer leur embarcation. S’étant alors perdus de vue, Diambogne se serait dirigé vers les îles du Saloum et Aguène plus au Sud, vers la Casamance. Le premier serait ainsi l’ancêtre des Sérères et le second celui des Diolas. Le cousinage entre Sérères et Diolas perpétue cette légende.