À une quarantaine de kilomètres au nord-est de la capitale sénégalaise, à proximité de l’océan, une curiosité naturelle attire les touristes : le lac Retba ou lac Rose. D’une profondeur maximale de 3 m, il s’étend telle une oasis entre la savane et la plage, sur 5 km de long pour 800 m de large, séparé de l’océan par un interminable cordon dunaire planté de filaos.
Son eau est l’une des plus salées au monde, car il se remplit grâce à des infiltrations de la mer en sous-sol : avec l’évaporation, la concentration de sel dépasse les 380 g par litre ! Difficile de nager, les bras et les jambes ressortent systématiquement. On ne peut cependant pas rester longtemps à flotter : la forte salinité irrite la peau.
C’est pourquoi les récolteurs de sel s’enduisent le corps de beurre de karité et ne travaillent que deux jours par semaine. Ils passent tout de même environ 9 h dans le lac pour accomplir leur dur labeur : casser la croûte de sel au fond de l’eau puis charger les blocs sur des pirogues pouvant en contenir une tonne. Les cristaux ainsi extraits sont gris, puis blanchissent au soleil sur la berge, pendant deux ou trois semaines.
Attention, il n’est pas toujours possible d’observer cette activité : pour préserver les ressources, l’exploitation est régulièrement suspendue. De même, le lac Retba n’est pas toujours rose : cette couleur surréaliste provient de micro-organismes présents dans l’eau, qui rougissent par réaction à la salinité élevée, et elle n’apparaît que dans certaines conditions météo, avec une luminosité particulière.